B.S. "... au regard des
faits, 1954 est marquée par plusieurs éléments
qui ont jalonné l’histoire de l’empire colonial
français. On a, à la fois, la guerre d’Indochine
avec la défaite historique de l’armée française
à Dien Biên Phu, l’agitation en Tunisie et
au Maroc et, au soir de l’exercice, le début de
la guerre d’indépendance algérienne. Cette
année marque, effectivement, une sorte de franchissement
de seuil majeur, de retournement d’histoire. On assiste
à la fin d’un monde, la fin d’une histoire
commencée au 19ème siècle avec la colonisation.
Q. O.: Au-delà de sa place dans le cycle
de l’histoire contemporaine, l’année frappe
surtout par sa résonance.
B.S.: En effet. Sa résonance est importante.
Importante en ce sens que 1954 constitue, incontestablement,
une sorte de tournant, une rupture dans l’histoire coloniale.
La défaite française en Indochine aura des répercussions
énormes sur tout l’empire colonial. Avec son sens
de la formule, Ferhat Abbas parlera, par exemple, de «Valmy
des peuples colonisés». La séquence de Dien
Biên Phu, ne l’oublions pas, a servi d’accélérateur
dans l’évolution du mouvement national algérien.
D’une certaine manière, elle a joué dans
le dépassement de la crise du parti nationaliste, le
PPA-MTLD en butte, à ce moment-là, à des
divergences entre ses composantes..." Télécharger