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De nombreuses voix nous sont parvenues, qui valent d'être entendues :

Celle de Michel Tubiana, Président d'honneur de la LDH,qui s'exprime dans la tribune
de Politis n°890 du 23 fév 2006

De la caricature à l’impasse

Des hommes sont morts, des journalistes sont emprisonnés ou sanctionnés, des communautés entières se crispent et se replient sur elles-mêmes ; la publication dans un journal danois de 12 caricatures du prophète Mahomet déchaîne les passions et les haines. Voici que nous voyons fleurir d’infâmes caricatures sur la destruction des juifs d’Europe. Comme si un fait historique pouvait être confondu avec un dogme, comme si caricaturer Mahomet avait un quelconque rapport avec la négation d’un génocide. Nauséabond.

Un des fondements des sociétés démocratiques se trouve dans la liberté d’expression. Cette liberté s’applique non seulement aux informations et aux idées en adéquation avec le sentiment général mais également à celles qui dérangent, voire qui choquent profondément les gouvernements ou telle ou telle partie de la population. Les religions n’échappent pas à cette règle, encore moins dans des sociétés profondément sécularisées qui, à juste titre, refusent d’étendre les interdits d’un dogme au-delà des convictions de chacun. L’Islam, comme toute autre religion, doit s’habituer à vivre dans ce contexte. Dans une société apaisée, chacun devrait trouver naturellement les limites au-delà desquelles le propos devient insulte. En dernière instance, le recours, qui doit rester exceptionnel, à la justice permet de sanctionner les abus avérés.

Tels sont les principes et rien ne justifie d’y déroger. Mais est-ce seulement cela qui est en jeu dans ce processus infernal ? Les réactions venues d’Europe ou du monde musulman montrent que bien plus est en cause. Si certaines des caricatures sont dôles, d’autres de mauvais goût ; celle représentant Mahomet en bombe humaine est effectivement choquante. C’est un sophisme de prétendre que seuls les intégristes peuvent se reconnaître dans ce dessin. On voit mal comment interpréter ce qui est destiné à être compréhensible au premier degré, autrement que comme l’assimilation du premier symbole de l’Islam au terrorisme. Sans compter le contexte danois ou le gouvernement, allié à un parti d’extrême droite, pratique une politique ouvertement xénophobe.

Défendre la liberté d’expression n’implique pas d’abdiquer notre esprit critique quant au sens de ces caricatures. On peut, certes, soutenir que le jugement est libre et qu’il n’est pas interdit de penser qu’une religion (ou les religions) est, par nature, porteuse de violence. Cette forme d’essentialisme a pour corollaire la négation de chaque individu qui n’est plus alors que le rouage d’un vaste dessein. On sait où mène ce genre de raisonnement. Mais, il est vrai qu’il est de bon ton, en France, sous couvert d’une laïcité détournée de son sens, d’exprimer, au moins inconsciemment, le rejet des musulmans, français ou non, sous couvert d’une critique de l’Islam. L’impunité dont bénéficient les éructations de P. de Villiers contre « l’islamisation de la France » trouve aussi sa source dans l’obsession anti-religieuse d’un Philippe Val. La blessure ressentie par les Européens de confession musulmane et la violence, injustifiable, des réactions dans certains pays arabes trouvent à s’alimenter dans ce mépris et les discriminations dont ils sont victimes.

Ne soyons pas dupes, nombre des manifestations sont le résultat de manipulations de gouvernements arabes qui cherchent par là à se refaire une virginité et à concurrencer les islamistes sur leur terrain. Ceci leur permet, de plus, de réfuter le système démocratique qui permettrait de telles dérives…Il n’empêche : la résonance de ces 12 dessins montre que ces populations qu’elles soient européennes ou non vivent encore l’Islam comme la seule dimension sociale et politique où elles peuvent trouver espoir et réclamer le respect qu’on leur refuse par ailleurs.

La démocratie, les droits de l’Homme sont d’autant moins crédibles que leurs portes drapeaux ne cessent de fouler aux pieds les principes qu’ils proclament. Cela rend encore plus intolérable la commisération affichée des USA, de la Grande-Bretagne ou du gouvernement français qui, tout en tolérant ou commettant les pires injustices, proclament leur attachement au respect de l’Islam pour tenter de calmer la colère de peuples entiers. Le facteur religieux devient alors le rideau derrière lequel on cache les questions politiques. Défendre la portée universelle des valeurs de démocratie et de liberté, c’est offrir aux peuples du monde entier un espoir autre que la caricature destructrice de ces principes.

Celle de Ayaan Hirsi Ali : "Je suis une dissidente de l'Islam paru dans le monde du 15 fév 2006
Députée au parlement néerlandais, d'origine somalienne

Invitée à Berlin le 9 février, Ayaan Hirsi Ali a prononcé un discours de combat, à la suite de l'"affaire" des caricatures de Mahomet, contre l'islamisme et pour la défense de la liberté

"Je suis une dissidente de l'islam", par Ayaan Hirsi Ali
e suis ici pour défendre le droit d'offenser. J'ai la conviction que cette entreprise vulnérable qu'on appelle démocratie ne peut exister sans libre expression, en particulier dans les médias. Les journalistes ne doivent pas renoncer à l'obligation de parler librement, ce dont sont privés les hommes des autres continents.
Mon opinion est que le Jyllands Posten a eu raison de publier les caricatures de Mahomet et que d'autres journaux en Europe ont bien fait de les republier.
Permettez-moi de reprendre l'historique de cette affaire. L'auteur d'un livre pour enfants sur le prophète Mahomet n'arrivait pas à trouver d'illustrateur. Il a déclaré que les dessinateurs se censuraient par peur de subir des violences de la part de musulmans, pour qui il est interdit à quiconque, où que ce soit, de représenter le Prophète. Le Jyllands Posten a décidé d'enquêter sur le sujet, estimant - à juste titre - qu'une telle autocensure était porteuse de lourdes conséquences pour la démocratie. C'était leur devoir de journalistes de solliciter et de publier des dessins du prophète Mahomet.
Honte aux journaux et aux chaînes de télévision qui n'ont pas eu le courage de montrer à leur public ce qui était en cause dans "l'affaire des caricatures" ! Ces intellectuels qui vivent grâce à la liberté d'expression, mais acceptent la censure, cachent leur médiocrité d'esprit sous des termes grandiloquents comme "responsabilité" ou "sensibilité".
Honte à ces hommes politiques qui ont déclaré qu'avoir publié et republié ces dessins était "inutile", que c'était "mal", que c'était "un manque de respect" ou de "sensibilité" ! Mon opinion est que le premier ministre du Danemark, Anders Fogh Rasmussen, a bien agi quand il a refusé de rencontrer les représentants de régimes tyranniques qui exigeaient de lui qu'il limite les pouvoirs de la presse. Aujourd'hui, nous devrions le soutenir moralement et matériellement. Il est un exemple pour tous les dirigeants européens. J'aimerais que mon premier ministre ait autant de cran que Rasmussen.
Honte à ces entreprises européennes du Moyen-Orient qui ont mis des affiches disant "Nous ne sommes pas danois", "Ici on ne vend pas de produits danois" ! C'est de la lâcheté. Les chocolats Nestlé n'auront plus le même goût après ça, vous ne trouvez pas ? Les Etats membres de l'Union européenne devraient indemniser les sociétés danoises pour les pertes qu'elles ont subies à cause des boycottages.
La liberté se paie cher. On peut bien dépenser quelques millions d'euros pour la défendre. Si nos gouvernements ne viennent pas en aide à nos amis scandinaves, alors j'espère que les citoyens organiseront des collectes de dons en faveur des entreprises danoises.
Nous avons été submergés sous un flot d'opinions nous expliquant que les caricatures étaient mauvaises et de mauvais goût. Il en ressortait que ces dessins n'avaient apporté que violence et discorde. Beaucoup se sont demandé tout haut quel avantage il y avait à les publier.
Eh bien, leur publication a permis de confirmer qu'il existe un sentiment de peur parmi les écrivains, les cinéastes, les dessinateurs et les journalistes qui souhaitent décrire, analyser ou critiquer les aspects intolérants de l'islam à travers l'Europe.
Cette publication a aussi révélé la présence d'une importante minorité en Europe qui ne comprend pas ou n'est pas prête à accepter les règles de la démocratie libérale. Ces personnes - dont la plupart sont des citoyens européens - ont fait campagne en faveur de la censure, des boycottages, de la violence et de nouvelles lois interdisant l'"islamophobie".
Ces dessins ont montré au grand jour qu'il y a des pays qui n'hésitent pas à violer l'immunité diplomatique pour des raisons d'opportunité politique. On a vu des gouvernements malfaisants, comme celui d'Arabie saoudite, organiser des mouvements "populaires" de boycottage du lait ou des yaourts danois, alors qu'ils écraseraient sans pitié tout mouvement populaire qui réclamerait le droit de vote.
Je suis ici aujourd'hui pour réclamer le droit d'offenser dans les limites de la loi. Vous vous demandez peut-être : pourquoi à Berlin ? Et pourquoi moi ?
Berlin est un lieu important dans l'histoire des luttes idéologiques autour de la liberté. C'est la ville où un mur enfermait les gens à l'intérieur de l'Etat communiste. C'est la ville où se concentrait la bataille pour les esprits et les cœurs. Ceux qui défendaient une société ouverte enseignaient les défauts du communisme. Mais l’œuvre de Marx était discutée à l'université, dans les rubriques opinions des journaux et dans les écoles. Les dissidents qui avaient réussi à s'échapper pouvaient écrire, faire des films, dessiner, employer toute leur créativité pour persuader les gens de l'Ouest que le communisme n'était pas le paradis sur Terre.
Malgré l'autocensure de beaucoup en Occident, qui idéalisaient et défendaient le communisme, malgré la censure brutale imposée à l'Est, cette bataille a été gagnée.
Aujourd'hui, les sociétés libres sont menacées par l'islamisme, qui se réfère à un homme nommé Muhammad Abdullah (Mahomet) ayant vécu au VIIe siècle et considéré comme un prophète. La plupart des musulmans sont des gens pacifiques ; tous ne sont pas des fanatiques. Ils ont parfaitement le droit d'être fidèles à leurs convictions. Mais, au sein de l'islam, il existe un mouvement islamiste pur et dur qui rejette les libertés démocratiques et fait tout pour les détruire. Ces islamistes cherchent à convaincre les autres musulmans que leur façon de vivre est la meilleure. Mais quand ceux qui s'opposent à l'islamisme dénoncent les aspects fallacieux des enseignements de Mahomet, on les accuse d'être offensants, blasphématoires, irresponsables - voire islamophobes ou racistes.
Ce n'est pas une question de race, de couleur ou de tradition. C'est un conflit d'idées qui transcende les frontières et les races.
Pourquoi moi ? Je suis une dissidente, comme ceux de la partie est de cette ville qui passaient à l'Ouest. Moi aussi je suis passée à l'Ouest. Je suis née en Somalie et j'ai passé ma jeunesse en Arabie saoudite et au Kenya. J'ai été fidèle aux règles édictées par le prophète Mahomet. Comme les milliers de personnes qui ont manifesté contre les caricatures danoises, j'ai longtemps cru que Mahomet était parfait - qu'il était la seule source du bien, le seul critère permettant de distinguer entre le bien et le mal. En 1989, quand Khomeiny a lancé un appel à tuer Salman Rushdie pour avoir insulté Mahomet, je pensais qu'il avait raison. Je ne le pense plus.
Je pense que le Prophète a eu tort de se placer, lui et ses idées, au-dessus de toute pensée critique.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de subordonner les femmes aux hommes.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de décréter qu'il fallait assassiner les homosexuels.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de dire qu'il fallait tuer les apostats.
Il avait tort de dire que les adultères doivent être fouettés et lapidés, et que les voleurs doivent avoir les mains coupées.
Il avait tort de dire que ceux qui meurent pour la cause d'Allah iront au paradis.
Il avait tort de prétendre qu'une société juste pouvait être bâtie sur ses idées.
Le Prophète faisait et disait de bonnes choses. Il encourageait la charité envers les autres. Mais je soutiens qu'il était aussi irrespectueux et insensible envers ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui.
Je pense qu'il est bon de faire des dessins critiques et des films sur Mahomet. Il est nécessaire d'écrire des livres sur lui. Et tout cela pour la simple éducation des citoyens.
Je ne cherche pas à offenser le sentiment religieux, mais je ne peux me soumettre à la tyrannie. Exiger que les hommes et les femmes qui n'acceptent pas l'enseignement du Prophète s'abstiennent de le dessiner, ce n'est pas une demande de respect, c'est une demande de soumission.
Je ne suis pas la seule dissidente de l'islam, il y en a beaucoup en Occident. Et s'ils n'ont pas de gardes du corps, ils doivent travailler sous de fausses identités pour se protéger de l'agression. Mais il y en a encore beaucoup d'autres à Téhéran, à Doha et Riyad, à Amman et au Caire, comme à Khartoum et Mogadiscio, Lahore et Kaboul.
Les dissidents de l'islamisme, comme ceux du communisme en d'autres temps, n'ont pas de bombes atomiques, ni aucune autre arme. Nous n'avons pas l'argent du pétrole comme les Saoudiens et ne brûlons ni les ambassades ni les drapeaux. Nous refusons d'être embarqués dans une folle violence collective. D'ailleurs, nous sommes trop peu nombreux et trop dispersés pour devenir un collectif de quoi que ce soit. Du point de vue électoral, ici en Occident, nous ne sommes rien.
Nous n'avons que nos idées et nous ne demandons que la possibilité de les exprimer. Nos ennemis utiliseront si nécessaire la violence pour nous faire taire. Ils emploieront la manipulation ; ils prétendront qu'ils sont mortellement offensés. Ils annonceront partout que nous sommes des êtres mentalement fragiles qu'il ne faut pas prendre au sérieux. Cela n'est pas nouveau, les partisans du communisme ont largement utilisé ces méthodes.
Berlin est une ville marquée par l'optimisme. Le communisme a échoué, le Mur a été brisé. Et même si, aujourd'hui, les choses semblent difficiles et confuses, je suis sûre que le mur virtuel entre les amoureux de la liberté et ceux qui succombent à la séduction et au confort des idées totalitaires, ce mur aussi, un jour, disparaîtra.

Ayaan Hirsi Ali, d'origine somalienne, est députée au Parlement néerlandais, membre du parti libéral VVD. Scénariste du film Submission, qui valut à Theo Van Gogh d'être assassiné par un islamiste en novembre 2004, elle vit sous protection policière.

Celle de tous Tousensemble@algeriensemble.com qui nous envoie ceci, le sam 11 fév 2006:

Stupeur, nous découvrons naïvement (?) qu'en octobre 2005, un journal d'Egypte avait publié les caricatures controversées (y compris avec la mèche). Voilà qui illustre la manipulation et la campagne perfide à laquelle se livres les islamo-fascistes et leurs associés. Les injonctions infâmes auxquels vient de se livrer le chef du Hamas à l'égard des gouvernants européens illustrent clairement les objectifs de cette machination. Il n'y a qu'une réponse possible à ces prétentions : la fermeté sur les valeurs de la République !

ci-dessous le courrier du correspondant qui nous a fait parvenir les informations. Vérification faite, en consultant les liens indiqués, la réalité éclate..

Nous recommandons vivement la consultation de ces liens SB

Publiées dans la presse égyptienne le 17 octobre 2005

Les caricatures du prophète on été publiées par un journal égyptien (en première page pour l'une d'elles) le 17 octobre, en plein mois saint du Ramadan, ceci sans susciter le scandale ni ameuter les
foules musulmanes. Il faut croire que celles-ci ne sont pas aussi intolérantes qu'on veut bien nous le faire croire.

Les photos des pages d'Al Fager, le quotidien en question se trouvent sur le blog d'une Égyptienne, ici:
http://freedomforegyptians.blogspot.com/2006/02/egyptian-newspaper-
En minilien au cas où: http://minilien.com/?evGXNiEaW6

Plus précis sur le sujet dans ce très bon billet d'Embruns:
http://embruns.net/actus-et-opinions/caricatures_manipulations.html
Minilien: http://minilien.com/?ezhxHtSFCY

Sur le fond. Ces dessins ne sont pas amusants et plutôt insignifiants, alors pour plus d'efficacité à motiver les foules, de "bons" musulmans ont pris soin de fabriquer de "fausses" caricatures,
plus objectivement insultantes à l'égard des fidèles comme par exemple celle du chien sodomisant un homme en train de prier.

Je suis surpris que certains se laissent aller à prendre le parti d'une aussi grossière manipulation.

Celles du journal El watan parue dans le journal du 9 février :
La 13è caricature :

"Des enfants courant dans la rue avec des pierres, des enfants hurlant la haine à pleins poumons, des enfants en rangs militaires, des adultes vociférant, s’en prenant à des ambassades, brûlant des drapeaux, exigeant la mort des dessinateurs. Voilà la treizième caricature. Celle qui fait le plus de mal aux «musulmans». Beaucoup plus que les dessins, bêtes et méchants, dénués de tout talent, des caricaturistes danois.
Que les caricatures montrant le Prophète avec une bombe en guise de turban ou avec un poignard soient offensantes, blessantes, humiliantes et volontairement provocatrices, on ne peut qu’en convenir. Sans ce tapage médiatique, elles seraient tombées dans l’oubli, passées à la trappe de l’incompétence. Seulement voilà, « la rue musulmane », alimentée par les islamistes ou les pouvoirs en place, s’est emportée. Au blasphème, est venu se greffer le ressentiment. Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un combat entre la liberté d’expression et la dictature verte. Les deux caricatures incriminées peuvent s’apparenter en effet à un racisme abject, brut, dénué de toute subtilité. Elles relèvent au mieux du mauvais goût. Faut-il pour autant donner cette image dégradante d’un monde musulman malade, enfermé, susceptible, immature?".... Lire la suite de l'article El Watan : Edition du 9 février 2006
http://www.elwatan.com/2006-02-09/2006-02-09-36018

La polémique autour de la représentation du prophète continue (...)

Le tour du monde en... caricatures
L’affaire des caricatures danoises a pris une tournure dramatique. Parfois stupide. Dans ce jeu-là, un ministre italien semble prendre un malin plaisir à attiser la haine. Il s’appelle Roberto Calderoli, ministre des Réformes institutionnelles dans le gouvernement Silvio Berlusconi. « Une haine folle s’est déchaînée de la part des peuples musulmans. Le moment est arrivé de prendre des contre-mesures.
Lire la suite de l'article
: http://www.elwatan.com/2006-02-09/2006-02-09-36032

Celle du Manifeste des Libertés par la voix de Tewfik ALLAL parue le 8 février dans Charlie Hebdo:

"L’hebdomadaire jordanien Shihane publiait, le 2 février dernier, trois des caricatures danoises qui mettent aujourd’hui le "feu aux poudres", et se demandait "ce qui portait le plus préjudice à l’Islam : ces caricatures ou bien les images d’un preneur d’otage qui égorge sa victime devant les caméras" (cité par Libération, 3 février 2006).
Le problème est que ce journal a été retiré de la vente, et le directeur de publication limogé. Ainsi il y a certainement nombre de gens qui pensent la même chose en terres d’Islam, mais ils n’auront pas le droit de le dire : c’est à eux que manque le plus gravement la liberté d’expression.
On pourra toujours discuter de la qualité de ces caricatures et de l’influence possible, sur elles, de l’atmosphère droitière et teintée de racisme qui sévit actuellement au Danemark comme dans d’autres pays européens. Mais qu’on en appelle au meurtre contre leurs auteurs et contre l’ensemble de leur nation au nom de Dieu, que le secrétaire général du Hezbollah libanais déclare que "s’il s’était trouvé un musulman pour exécuter la fatwa de l’imam Khomeyni contre le renégat Salman Rushdie, cette racaille qui insulte notre prophète Mahomet au Danemark, en Norvège et en France n’aurait pas osé le faire", nous impose l’urgente nécessité de les défendre : allons-nous attendre, comme le dit Magdi Allam dans Il Corriere de la sera, "qu’un autre Théo van Gogh soit assassiné à Copenhague ou à Oslo" ? Qu’on ait de nouveau ce sinistre " fini de rire " dont parlait un journaliste français lors de l’affaire van Gogh ?
Cette remise en cause de la liberté d’expression, orchestrée quatre mois après les faits, vise à empêcher toute liberté de pensée d’artistes, d’intellectuels, toute critique de la religion, dans une surenchère sur fond de victoire électorale du Hamas en Palestine et des positions du gouvernement iranien. Ces manifestations et ces apparents désordres provoqués par les caricaturistes danois sont, en réalité, un rappel à l’ordre adressé à ceux qui se reconnaissent provenir de cette civilisation-là, citoyens d’Europe et d’ailleurs, et surtout d’ailleurs : Vous n’avez pas le droit d’être européens, vous n’avez pas le droit de penser "comme des Européens ". ".......Téléchargez la suite de l'article

Celle de Bernard ZIMMERMANN, de Soleil en Essonne : "Se taire serait mentir"

"L'affaire des caricatures de "Mahomet" interpelle notre conscience morale et politique, individuelle et collective.
Miguel de Unamuno a dit un jour : «Il est des circonstances où se taire est mentir».
 « Mahomet » avec une bombe dans son turban, ce n’est pas un dessin «humoristique», c’est un amalgame qui se veut dégradant et une provocation avérée. Ayons donc la lucidité et le courage d’appeler "acte islamophobe" un acte islamophobe.
 Est mise à l’épreuve l'intelligence de nos semblables à dépasser les peurs réciproques, sources de conflits, elles-mêmes générées par l'ignorance, la haine de l'autre. Nous savons que ces sentiments sont largement partagés entre « l’Occident » et « l’Orient ». Les appels à la violence consécutifs à ces caricatures, lancés par les radicaux musulmans, sont condamnables, dénonçons-les.
 Mais balayons aussi vigoureusement devant notre porte. Les journaux et journalistes qui ont pris –ou prendront- la responsabilité d'attiser les haines, en s'attaquant à un symbole fort, jouent aux boutefeux, inconsciemment ou délibérément. ....." Télécharger le texte complet

Celle de Michel Laxenaire, de Soleil en Essonne,auteur avec Bernard Zimmermann de retours de mémoires sur l'Algérie Editions Bouchène 2003 :

Je ne sais quel théologien était derrière cette voix entendue un matin sur une radio qui disait : « Vus de l’autre rive de l’Indus, nous sommes tous des occidentaux monothéistes qui nous entretuons pour plaire au même Dieu. » Chrétiens, juifs, musulmans, et au sein de chaque famille, catholiques, orthodoxes, protestants, chiites, sunnites, soufistes, traditionalistes, progressistes, intégristes… sont dangereusement dérisoires dans leurs certitudes et leur intransigeance. L’épicentre de cette agitation se trouve comme on le sait en terre de Palestine ; il en dépend certainement à terme la paix ou son contraire dans cette partie du monde et peut-être ailleurs.
Dans cette période de fièvre, une fois encore le devant de la scène est fait d’affrontements, d’arguments excessifs, d’appels à la violence. Une fois encore, les médias y trouvent leur pâture et privilégient le spectaculaire.
Je pense qu’une fois de plus nous avons toutes les raisons de prendre du recul par rapport à l’événement. Autant apporter le peu d’audience dont nous disposons aux réalisations de longue durée qui ont si peu de résonance en ces circonstances. En voici un exemple :téléchargez letexte

Celle de Mohamed-Chérif FERJANI, professeur à l'Université Lyon 2, Directeur du GREMMO, UMR 5195,
CNRS-Université Lyon2, Auteur de travaux sur l'islam, le monde arabe, la laïcité et les droits humains dont Le politique et le religieux dans le champ islamique, Fayard, 2005, et Islamisme, laïcité et droits de l'Homme, L'Harmattan, 1992)

CARICATURES XENOPHOBES ET REACTIONS FANATIQUES : A QUAND LA FIN DES AMALGAMES ?

Les réactions suscitées par les caricatures concernant le Prophète de l'islam dans les mondes de l'islam comme celles qu'elles ont provoquées dans le reste du monde, plus particulièrement dans les pays occidentaux, témoignent de l'ampleur des amalgames, des incompréhensions et des malentendus qui alimentent les tensions et les haines des deux côtés.

" Que le message véhiculé par quelques unes des caricatures en question soit xénophobe, il n'y a aucun doute. Qu'il contribue à entretenir la confusion entre islam et terrorisme, c'est évident. Qu'il soit «caricatural», comment peut-il ne pas l'être puisqu'il s'agit précisément de caricatures ? Que des musulmans et des antiracistes soient choqués et indignés par ce genre de xénophobes que ce qui est dénoncé dans les caricatures incriminées, c'est non seulement inadmissible, c'est grave et dramatique à la fois. En effet, ces réactions se situent sur le même terrain de la xénophobie et de la vision caricaturale de l'AUTRE - avec l'art en moins - qui a inspiré les images
qu'elles veulent dénoncer. Ce faisant, elles ne font qu'apporter l'eau au moulin des préjugés qui assimilent islam, fanatisme, et terrorisme. Les plus xénophobes s'en frottent les mains en y voyant la preuve de ce qu'ils ont toujours dit de l'islam et des musulmans. Certains, parmi les mieux disposés à l'égard des musulmans, croient leur trouver une excuse en prétendant que « l'islam interdit la représentation du Prophète » ! Où ont-ils trouvé les fondements d'un tel interdit ? Si ce qu'ils disent est vrai, comment se fait-il qu'on puisse admirer dans des musées d'art musulman, y compris dans des pays musulmans, des miniatures musulmanes représentant le Prophète de l'islam avec d'autres prophètes ou avec ses proches et ses compagnons ? S'agit-il d'un interdit de l'islam ou de théologiens rigoristes, comme on en trouve dans différentes religions, qui s'autorisent à interdire non seulement la représentation du Prophète mais aussi toute représentation humaine ? .....Téléchargez le texte complet

Celle de Soheib BENCHEIKH, ancien mufti de Marseille, qui s'est exprimé sur RFI, le 5 février2006, dont voici la transcription

Entretien de Soheib Bencheikh sur RFI (l’affaire des caricatures)
" Sophie Backer – Bonjour Soheib Bencheikh. Vous comprenez l’ampleur qu’est en train de prendre cette affaire ?
Soheib Bencheikh – Non seulement je ne la comprends pas, mais permettez-moi d’exprimer mon grand étonnement devant cette levée des boucliers, parfois même diplomatiques, de la part des pays musulmans.
Sophie Backer – Vous êtes un petit peu isolé sur cette position Soheib Bencheikh, parce que d’autres représentants de la communauté musulmane française ont dit, eux, leur solidarité avec les protestations…
Soheib Bencheikh – Je ne crois pas que je sois isolé à ce point parce que malheureusement ou heureusement la presse ne fait attention qu’à des choses qui ne vont pas ou qui choquent les esprits. Moi, ce que je connais, c’est que l’islam a affronté les philosophies les plus athéistes et elle les a traduites, elle les a argumentées, l’islam a argumenté contre les philosophies les plus semeuses de doutes ; nous avons dans le patrimoine littéraire des vers de poésie que j’ai appris par cœur, et qui mettent en doute l’authenticité du Coran et la véracité de la prophétie du prophète… et l’islam n’a pas vacillé pour autant. Il est toujours porteur de valeurs et de sens.
Sophie Backer – Est-ce que vous voulez dire qu’aujourd’hui c’est une certaine forme d’islam plus obscurantiste qui se manifeste ?
Soheib Bencheikh – Ça c’est possible. En tous cas dans la mémoire collective des musulmans, nous n’avons pas les séquelles d’un anti-cléricalisme que connaissent nos frères chrétiens pou d’autres églises. Et voilà pourquoi la réaction de certains est à la fois spontanée et doublées d’une volonté de défi ou d’imposition. Moi je crois que nous allons vivre tous ensemble dans une société humaine unifiée. Il faut défendre à tout prix la liberté d’expression qui bénéficie aussi à l’islam puisqu’on s’exprime librement grâce à cet édifice qui s’appelle la liberté religieuse. Mais en même temps, il faut demander aux responsables des médias qui ont dans les mains un outil redoutable d’avoir plus de responsabilité. L’appel est adressé aux musulmans : s’ils veulent vivre et cohabiter avec d’autres religions...." Téléchargez la transcription

Celle de Akram BELKAID, journaliste à la rubrique internationale du quotidien la Tribune, le 6fév 2006
"La pitoyable affaire des caricatures publiées par le journal danois Jillands-Posten oblige les musulmans de France à se poser les questions suivantes : qu’est-ce qui est grave et répréhensible dans la publication de ces dessins de piètre qualité ? Est-ce le fait que l’on a représenté le prophète Mohammad (paix et salut sur lui) ? Est-ce parce qu’on s’est moqué de lui ? Ou enfin, est-ce parce qu’on l’a assimilé à un terroriste ?
Le délit de blasphème, ça n’existe pas
Si j’ai tenu à poser ces questions, c’est parce qu’il me semble que la confusion est totale et qu’il est urgent de porter un regard critique sur l’emballement que connaît actuellement le monde musulman. En ce qui me concerne, j’estime que seul le fait d’avoir assimilé le prophète à un terroriste pose problème. Cela relève, à mon avis, de l’incitation à la haine et il existe des lois pour punir ce genre d’agression. Représenter le prophète avec une bombe sur la tête est en effet une provocation irresponsable qui jette l’anathème sur 1 milliard de musulmans.
Mais avant d’aller plus loin sur cette question, je suis d’abord amené à reconnaître que je ne me sens absolument pas le droit, en tant que musulman, de crier au délit de blasphème. Cela peut faire mal d’entendre cela - et j’ai du mal à l’écrire - mais, désolé, des gens, qu’ils soient peintres, sculpteurs ou caricaturistes, ont le droit de représenter le prophète s’ils le souhaitent. Nous sommes en France et la liberté d’expression et de création est un droit, un acquis, qu’il faut chérir et défendre à tous prix. Le délit de blasphème ça n’existe pas et si nous aimons ce pays dans lequel nous vivons, il nous faut l’accepter. Voilà une concession que nous commande le bon sens et qui ne heurte pas notre conviction religieuse. Il n’y a qu’un seul vainqueur, c’est Allah et ce ne sont pas de minables dessins qui changeront ou amoindriront notre foi.
De même, que des abrutis inconscients aient envie, ici et là, de rire du prophète, cela me blesse profondément, mais c’est leur droit. Rire du prophète des musulmans, celui dont le nom est cité à chacune de nos profession de foi, est un droit ou une licence que je ne m’octroie pas mais que je ne refuse à personne, y compris, et c’est très important, à un musulman. Chacun est libre et responsable de ses actes. Encore une fois, un seul vainqueur, Allah. De la même manière, je n’ai jamais apprécié les galéjades à propos du pape ou des chrétiens mais je ne conçois pas d’en appeler pour cela aux tribunaux.
Le délit existe : incitation à la haine......" Téléchargez le texte

 

 



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