De nombreuses voix nous sont
parvenues, qui valent d'être entendues :
Celle de Michel Tubiana,
Président d'honneur de la LDH,qui s'exprime dans la tribune
de Politis n°890 du 23 fév 2006
De la caricature à
l’impasse
Des hommes sont morts, des journalistes sont
emprisonnés ou sanctionnés, des communautés
entières se crispent et se replient sur elles-mêmes
; la publication dans un journal danois de 12 caricatures du
prophète Mahomet déchaîne les passions et
les haines. Voici que nous voyons fleurir d’infâmes
caricatures sur la destruction des juifs d’Europe. Comme
si un fait historique pouvait être confondu avec un dogme,
comme si caricaturer Mahomet avait un quelconque rapport avec
la négation d’un génocide. Nauséabond.
Un des fondements des sociétés
démocratiques se trouve dans la liberté d’expression.
Cette liberté s’applique non seulement aux informations
et aux idées en adéquation avec le sentiment général
mais également à celles qui dérangent,
voire qui choquent profondément les gouvernements ou
telle ou telle partie de la population. Les religions n’échappent
pas à cette règle, encore moins dans des sociétés
profondément sécularisées qui, à
juste titre, refusent d’étendre les interdits d’un
dogme au-delà des convictions de chacun. L’Islam,
comme toute autre religion, doit s’habituer à vivre
dans ce contexte. Dans une société apaisée,
chacun devrait trouver naturellement les limites au-delà
desquelles le propos devient insulte. En dernière instance,
le recours, qui doit rester exceptionnel, à la justice
permet de sanctionner les abus avérés.
Tels sont les principes et rien ne justifie
d’y déroger. Mais est-ce seulement cela qui est
en jeu dans ce processus infernal ? Les réactions venues
d’Europe ou du monde musulman montrent que bien plus est
en cause. Si certaines des caricatures sont dôles, d’autres
de mauvais goût ; celle représentant Mahomet en
bombe humaine est effectivement choquante. C’est un sophisme
de prétendre que seuls les intégristes peuvent
se reconnaître dans ce dessin. On voit mal comment interpréter
ce qui est destiné à être compréhensible
au premier degré, autrement que comme l’assimilation
du premier symbole de l’Islam au terrorisme. Sans compter
le contexte danois ou le gouvernement, allié à
un parti d’extrême droite, pratique une politique
ouvertement xénophobe.
Défendre la liberté d’expression
n’implique pas d’abdiquer notre esprit critique
quant au sens de ces caricatures. On peut, certes, soutenir
que le jugement est libre et qu’il n’est pas interdit
de penser qu’une religion (ou les religions) est, par
nature, porteuse de violence. Cette forme d’essentialisme
a pour corollaire la négation de chaque individu qui
n’est plus alors que le rouage d’un vaste dessein.
On sait où mène ce genre de raisonnement. Mais,
il est vrai qu’il est de bon ton, en France, sous couvert
d’une laïcité détournée de son
sens, d’exprimer, au moins inconsciemment, le rejet des
musulmans, français ou non, sous couvert d’une
critique de l’Islam. L’impunité dont bénéficient
les éructations de P. de Villiers contre « l’islamisation
de la France » trouve aussi sa source dans l’obsession
anti-religieuse d’un Philippe Val. La blessure ressentie
par les Européens de confession musulmane et la violence,
injustifiable, des réactions dans certains pays arabes
trouvent à s’alimenter dans ce mépris et
les discriminations dont ils sont victimes.
Ne soyons pas dupes, nombre des manifestations
sont le résultat de manipulations de gouvernements arabes
qui cherchent par là à se refaire une virginité
et à concurrencer les islamistes sur leur terrain. Ceci
leur permet, de plus, de réfuter le système démocratique
qui permettrait de telles dérives…Il n’empêche
: la résonance de ces 12 dessins montre que ces populations
qu’elles soient européennes ou non vivent encore
l’Islam comme la seule dimension sociale et politique
où elles peuvent trouver espoir et réclamer le
respect qu’on leur refuse par ailleurs.
La démocratie, les droits de l’Homme
sont d’autant moins crédibles que leurs portes
drapeaux ne cessent de fouler aux pieds les principes qu’ils
proclament. Cela rend encore plus intolérable la commisération
affichée des USA, de la Grande-Bretagne ou du gouvernement
français qui, tout en tolérant ou commettant les
pires injustices, proclament leur attachement au respect de
l’Islam pour tenter de calmer la colère de peuples
entiers. Le facteur religieux devient alors le rideau derrière
lequel on cache les questions politiques. Défendre la
portée universelle des valeurs de démocratie et
de liberté, c’est offrir aux peuples du monde entier
un espoir autre que la caricature destructrice de ces principes.
Celle de Ayaan Hirsi
Ali : "Je suis une dissidente de l'Islam paru dans le monde
du 15 fév 2006
Députée au parlement néerlandais, d'origine
somalienne
Invitée à
Berlin le 9 février, Ayaan Hirsi Ali a prononcé
un discours de combat, à la suite de l'"affaire"
des caricatures de Mahomet, contre l'islamisme et pour la défense
de la liberté
"Je suis une dissidente de l'islam", par Ayaan Hirsi
Ali
e suis ici pour défendre le droit d'offenser. J'ai la
conviction que cette entreprise vulnérable qu'on appelle
démocratie ne peut exister sans libre expression, en
particulier dans les médias. Les journalistes ne doivent
pas renoncer à l'obligation de parler librement, ce dont
sont privés les hommes des autres continents.
Mon opinion est que le Jyllands Posten a eu raison de publier
les caricatures de Mahomet et que d'autres journaux en Europe
ont bien fait de les republier.
Permettez-moi de reprendre l'historique de cette affaire. L'auteur
d'un livre pour enfants sur le prophète Mahomet n'arrivait
pas à trouver d'illustrateur. Il a déclaré
que les dessinateurs se censuraient par peur de subir des violences
de la part de musulmans, pour qui il est interdit à quiconque,
où que ce soit, de représenter le Prophète.
Le Jyllands Posten a décidé d'enquêter sur
le sujet, estimant - à juste titre - qu'une telle autocensure
était porteuse de lourdes conséquences pour la
démocratie. C'était leur devoir de journalistes
de solliciter et de publier des dessins du prophète Mahomet.
Honte aux journaux et aux chaînes de télévision
qui n'ont pas eu le courage de montrer à leur public
ce qui était en cause dans "l'affaire des caricatures"
! Ces intellectuels qui vivent grâce à la liberté
d'expression, mais acceptent la censure, cachent leur médiocrité
d'esprit sous des termes grandiloquents comme "responsabilité"
ou "sensibilité".
Honte à ces hommes politiques qui ont déclaré
qu'avoir publié et republié ces dessins était
"inutile", que c'était "mal", que
c'était "un manque de respect" ou de "sensibilité"
! Mon opinion est que le premier ministre du Danemark, Anders
Fogh Rasmussen, a bien agi quand il a refusé de rencontrer
les représentants de régimes tyranniques qui exigeaient
de lui qu'il limite les pouvoirs de la presse. Aujourd'hui,
nous devrions le soutenir moralement et matériellement.
Il est un exemple pour tous les dirigeants européens.
J'aimerais que mon premier ministre ait autant de cran que Rasmussen.
Honte à ces entreprises européennes du Moyen-Orient
qui ont mis des affiches disant "Nous ne sommes pas danois",
"Ici on ne vend pas de produits danois" ! C'est de
la lâcheté. Les chocolats Nestlé n'auront
plus le même goût après ça, vous ne
trouvez pas ? Les Etats membres de l'Union européenne
devraient indemniser les sociétés danoises pour
les pertes qu'elles ont subies à cause des boycottages.
La liberté se paie cher. On peut bien dépenser
quelques millions d'euros pour la défendre. Si nos gouvernements
ne viennent pas en aide à nos amis scandinaves, alors
j'espère que les citoyens organiseront des collectes
de dons en faveur des entreprises danoises.
Nous avons été submergés sous un flot d'opinions
nous expliquant que les caricatures étaient mauvaises
et de mauvais goût. Il en ressortait que ces dessins n'avaient
apporté que violence et discorde. Beaucoup se sont demandé
tout haut quel avantage il y avait à les publier.
Eh bien, leur publication a permis de confirmer qu'il existe
un sentiment de peur parmi les écrivains, les cinéastes,
les dessinateurs et les journalistes qui souhaitent décrire,
analyser ou critiquer les aspects intolérants de l'islam
à travers l'Europe.
Cette publication a aussi révélé la présence
d'une importante minorité en Europe qui ne comprend pas
ou n'est pas prête à accepter les règles
de la démocratie libérale. Ces personnes - dont
la plupart sont des citoyens européens - ont fait campagne
en faveur de la censure, des boycottages, de la violence et
de nouvelles lois interdisant l'"islamophobie".
Ces dessins ont montré au grand jour qu'il y a des pays
qui n'hésitent pas à violer l'immunité
diplomatique pour des raisons d'opportunité politique.
On a vu des gouvernements malfaisants, comme celui d'Arabie
saoudite, organiser des mouvements "populaires" de
boycottage du lait ou des yaourts danois, alors qu'ils écraseraient
sans pitié tout mouvement populaire qui réclamerait
le droit de vote.
Je suis ici aujourd'hui pour réclamer le droit d'offenser
dans les limites de la loi. Vous vous demandez peut-être
: pourquoi à Berlin ? Et pourquoi moi ?
Berlin est un lieu important dans l'histoire des luttes idéologiques
autour de la liberté. C'est la ville où un mur
enfermait les gens à l'intérieur de l'Etat communiste.
C'est la ville où se concentrait la bataille pour les
esprits et les cœurs. Ceux qui défendaient une société
ouverte enseignaient les défauts du communisme. Mais
l’œuvre de Marx était discutée à
l'université, dans les rubriques opinions des journaux
et dans les écoles. Les dissidents qui avaient réussi
à s'échapper pouvaient écrire, faire des
films, dessiner, employer toute leur créativité
pour persuader les gens de l'Ouest que le communisme n'était
pas le paradis sur Terre.
Malgré l'autocensure de beaucoup en Occident, qui idéalisaient
et défendaient le communisme, malgré la censure
brutale imposée à l'Est, cette bataille a été
gagnée.
Aujourd'hui, les sociétés libres sont menacées
par l'islamisme, qui se réfère à un homme
nommé Muhammad Abdullah (Mahomet) ayant vécu au
VIIe siècle et considéré comme un prophète.
La plupart des musulmans sont des gens pacifiques ; tous ne
sont pas des fanatiques. Ils ont parfaitement le droit d'être
fidèles à leurs convictions. Mais, au sein de
l'islam, il existe un mouvement islamiste pur et dur qui rejette
les libertés démocratiques et fait tout pour les
détruire. Ces islamistes cherchent à convaincre
les autres musulmans que leur façon de vivre est la meilleure.
Mais quand ceux qui s'opposent à l'islamisme dénoncent
les aspects fallacieux des enseignements de Mahomet, on les
accuse d'être offensants, blasphématoires, irresponsables
- voire islamophobes ou racistes.
Ce n'est pas une question de race, de couleur ou de tradition.
C'est un conflit d'idées qui transcende les frontières
et les races.
Pourquoi moi ? Je suis une dissidente, comme ceux de la partie
est de cette ville qui passaient à l'Ouest. Moi aussi
je suis passée à l'Ouest. Je suis née en
Somalie et j'ai passé ma jeunesse en Arabie saoudite
et au Kenya. J'ai été fidèle aux règles
édictées par le prophète Mahomet. Comme
les milliers de personnes qui ont manifesté contre les
caricatures danoises, j'ai longtemps cru que Mahomet était
parfait - qu'il était la seule source du bien, le seul
critère permettant de distinguer entre le bien et le
mal. En 1989, quand Khomeiny a lancé un appel à
tuer Salman Rushdie pour avoir insulté Mahomet, je pensais
qu'il avait raison. Je ne le pense plus.
Je pense que le Prophète a eu tort de se placer, lui
et ses idées, au-dessus de toute pensée critique.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de subordonner
les femmes aux hommes.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de décréter
qu'il fallait assassiner les homosexuels.
Je pense que le prophète Mahomet a eu tort de dire qu'il
fallait tuer les apostats.
Il avait tort de dire que les adultères doivent être
fouettés et lapidés, et que les voleurs doivent
avoir les mains coupées.
Il avait tort de dire que ceux qui meurent pour la cause d'Allah
iront au paradis.
Il avait tort de prétendre qu'une société
juste pouvait être bâtie sur ses idées.
Le Prophète faisait et disait de bonnes choses. Il encourageait
la charité envers les autres. Mais je soutiens qu'il
était aussi irrespectueux et insensible envers ceux qui
n'étaient pas d'accord avec lui.
Je pense qu'il est bon de faire des dessins critiques et des
films sur Mahomet. Il est nécessaire d'écrire
des livres sur lui. Et tout cela pour la simple éducation
des citoyens.
Je ne cherche pas à offenser le sentiment religieux,
mais je ne peux me soumettre à la tyrannie. Exiger que
les hommes et les femmes qui n'acceptent pas l'enseignement
du Prophète s'abstiennent de le dessiner, ce n'est pas
une demande de respect, c'est une demande de soumission.
Je ne suis pas la seule dissidente de l'islam, il y en a beaucoup
en Occident. Et s'ils n'ont pas de gardes du corps, ils doivent
travailler sous de fausses identités pour se protéger
de l'agression. Mais il y en a encore beaucoup d'autres à
Téhéran, à Doha et Riyad, à Amman
et au Caire, comme à Khartoum et Mogadiscio, Lahore et
Kaboul.
Les dissidents de l'islamisme, comme ceux du communisme en d'autres
temps, n'ont pas de bombes atomiques, ni aucune autre arme.
Nous n'avons pas l'argent du pétrole comme les Saoudiens
et ne brûlons ni les ambassades ni les drapeaux. Nous
refusons d'être embarqués dans une folle violence
collective. D'ailleurs, nous sommes trop peu nombreux et trop
dispersés pour devenir un collectif de quoi que ce soit.
Du point de vue électoral, ici en Occident, nous ne sommes
rien.
Nous n'avons que nos idées et nous ne demandons que la
possibilité de les exprimer. Nos ennemis utiliseront
si nécessaire la violence pour nous faire taire. Ils
emploieront la manipulation ; ils prétendront qu'ils
sont mortellement offensés. Ils annonceront partout que
nous sommes des êtres mentalement fragiles qu'il ne faut
pas prendre au sérieux. Cela n'est pas nouveau, les partisans
du communisme ont largement utilisé ces méthodes.
Berlin est une ville marquée par l'optimisme. Le communisme
a échoué, le Mur a été brisé.
Et même si, aujourd'hui, les choses semblent difficiles
et confuses, je suis sûre que le mur virtuel entre les
amoureux de la liberté et ceux qui succombent à
la séduction et au confort des idées totalitaires,
ce mur aussi, un jour, disparaîtra.
Ayaan Hirsi Ali, d'origine somalienne, est députée
au Parlement néerlandais, membre du parti libéral
VVD. Scénariste du film Submission, qui valut à
Theo Van Gogh d'être assassiné par un islamiste
en novembre 2004, elle vit sous protection policière.
Celle de tous Tousensemble@algeriensemble.com
qui nous envoie ceci, le sam 11 fév 2006:
Stupeur, nous découvrons naïvement
(?) qu'en octobre 2005, un journal d'Egypte avait publié
les caricatures controversées (y compris avec la mèche).
Voilà qui illustre la manipulation et la campagne perfide
à laquelle se livres les islamo-fascistes et leurs associés.
Les injonctions infâmes auxquels vient de se livrer le
chef du Hamas à l'égard des gouvernants européens
illustrent clairement les objectifs de cette machination. Il
n'y a qu'une réponse possible à ces prétentions
: la fermeté sur les valeurs de la République
!
ci-dessous le courrier du correspondant qui
nous a fait parvenir les informations. Vérification faite,
en consultant les liens indiqués, la réalité
éclate..
Nous recommandons vivement la consultation
de ces liens SB
Publiées dans la presse égyptienne
le 17 octobre 2005
Les caricatures du prophète on été
publiées par un journal égyptien (en première
page pour l'une d'elles) le 17 octobre, en plein mois saint
du Ramadan, ceci sans susciter le scandale ni ameuter les
foules musulmanes. Il faut croire que celles-ci ne sont pas
aussi intolérantes qu'on veut bien nous le faire croire.
Les photos des pages d'Al Fager, le quotidien
en question se trouvent sur le blog d'une Égyptienne,
ici:
http://freedomforegyptians.blogspot.com/2006/02/egyptian-newspaper-
En minilien au cas où: http://minilien.com/?evGXNiEaW6
Plus précis sur le sujet dans ce très
bon billet d'Embruns:
http://embruns.net/actus-et-opinions/caricatures_manipulations.html
Minilien: http://minilien.com/?ezhxHtSFCY
Sur le fond. Ces dessins ne sont pas amusants
et plutôt insignifiants, alors pour plus d'efficacité
à motiver les foules, de "bons" musulmans ont
pris soin de fabriquer de "fausses" caricatures,
plus objectivement insultantes à l'égard des fidèles
comme par exemple celle du chien sodomisant un homme en train
de prier.
Je suis surpris que certains se laissent aller
à prendre le parti d'une aussi grossière manipulation.
Celles du journal
El watan parue dans le journal du 9 février :
La 13è caricature :
"Des enfants courant dans la rue avec
des pierres, des enfants hurlant la haine à pleins poumons,
des enfants en rangs militaires, des adultes vociférant,
s’en prenant à des ambassades, brûlant des
drapeaux, exigeant la mort des dessinateurs. Voilà la
treizième caricature. Celle qui fait le plus de mal aux
«musulmans». Beaucoup plus que les dessins, bêtes
et méchants, dénués de tout talent, des
caricaturistes danois.
Que les caricatures montrant le Prophète avec une bombe
en guise de turban ou avec un poignard soient offensantes, blessantes,
humiliantes et volontairement provocatrices, on ne peut qu’en
convenir. Sans ce tapage médiatique, elles seraient tombées
dans l’oubli, passées à la trappe de l’incompétence.
Seulement voilà, « la rue musulmane », alimentée
par les islamistes ou les pouvoirs en place, s’est emportée.
Au blasphème, est venu se greffer le ressentiment. Que
l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un combat
entre la liberté d’expression et la dictature verte.
Les deux caricatures incriminées peuvent s’apparenter
en effet à un racisme abject, brut, dénué
de toute subtilité. Elles relèvent au mieux du
mauvais goût. Faut-il pour autant donner cette image dégradante
d’un monde musulman malade, enfermé, susceptible,
immature?".... Lire la suite de l'article El Watan : Edition
du 9 février 2006
http://www.elwatan.com/2006-02-09/2006-02-09-36018
La polémique
autour de la représentation du prophète continue
(...)
Le
tour du monde en... caricatures
L’affaire des caricatures danoises a pris une tournure
dramatique. Parfois stupide. Dans ce jeu-là, un ministre
italien semble prendre un malin plaisir à attiser la
haine. Il s’appelle Roberto Calderoli, ministre des Réformes
institutionnelles dans le gouvernement Silvio Berlusconi. «
Une haine folle s’est déchaînée de
la part des peuples musulmans. Le moment est arrivé de
prendre des contre-mesures.
Lire la suite de l'article : http://www.elwatan.com/2006-02-09/2006-02-09-36032
Celle du Manifeste
des Libertés par la voix de Tewfik ALLAL parue le 8
février dans Charlie Hebdo:
"L’hebdomadaire jordanien Shihane
publiait, le 2 février dernier, trois des caricatures
danoises qui mettent aujourd’hui le "feu aux poudres",
et se demandait "ce qui portait le plus préjudice
à l’Islam : ces caricatures ou bien les images
d’un preneur d’otage qui égorge sa victime
devant les caméras" (cité par Libération,
3 février 2006).
Le problème est que ce journal a été retiré
de la vente, et le directeur de publication limogé. Ainsi
il y a certainement nombre de gens qui pensent la même
chose en terres d’Islam, mais ils n’auront pas le
droit de le dire : c’est à eux que manque le plus
gravement la liberté d’expression.
On pourra toujours discuter de la qualité de ces caricatures
et de l’influence possible, sur elles, de l’atmosphère
droitière et teintée de racisme qui sévit
actuellement au Danemark comme dans d’autres pays européens.
Mais qu’on en appelle au meurtre contre leurs auteurs
et contre l’ensemble de leur nation au nom de Dieu, que
le secrétaire général du Hezbollah libanais
déclare que "s’il s’était trouvé
un musulman pour exécuter la fatwa de l’imam Khomeyni
contre le renégat Salman Rushdie, cette racaille qui
insulte notre prophète Mahomet au Danemark, en Norvège
et en France n’aurait pas osé le faire", nous
impose l’urgente nécessité de les défendre
: allons-nous attendre, comme le dit Magdi Allam dans Il Corriere
de la sera, "qu’un autre Théo van Gogh soit
assassiné à Copenhague ou à Oslo"
? Qu’on ait de nouveau ce sinistre " fini de rire
" dont parlait un journaliste français lors de l’affaire
van Gogh ?
Cette remise en cause de la liberté d’expression,
orchestrée quatre mois après les faits, vise à
empêcher toute liberté de pensée d’artistes,
d’intellectuels, toute critique de la religion, dans une
surenchère sur fond de victoire électorale du
Hamas en Palestine et des positions du gouvernement iranien.
Ces manifestations et ces apparents désordres provoqués
par les caricaturistes danois sont, en réalité,
un rappel à l’ordre adressé à ceux
qui se reconnaissent provenir de cette civilisation-là,
citoyens d’Europe et d’ailleurs, et surtout d’ailleurs
: Vous n’avez pas le droit d’être européens,
vous n’avez pas le droit de penser "comme des Européens
". ".......Téléchargez
la suite de l'article
Celle de Bernard ZIMMERMANN, de
Soleil en Essonne : "Se taire serait mentir"
"L'affaire des caricatures de "Mahomet"
interpelle notre conscience morale et politique, individuelle
et collective.
Miguel de Unamuno a dit un jour : «Il est des circonstances
où se taire est mentir».
« Mahomet » avec une bombe dans son turban,
ce n’est pas un dessin «humoristique», c’est
un amalgame qui se veut dégradant et une provocation
avérée. Ayons donc la lucidité et le courage
d’appeler "acte islamophobe" un acte islamophobe.
Est mise à l’épreuve l'intelligence
de nos semblables à dépasser les peurs réciproques,
sources de conflits, elles-mêmes générées
par l'ignorance, la haine de l'autre. Nous savons que ces sentiments
sont largement partagés entre « l’Occident
» et « l’Orient ». Les appels à
la violence consécutifs à ces caricatures, lancés
par les radicaux musulmans, sont condamnables, dénonçons-les.
Mais balayons aussi vigoureusement devant notre porte.
Les journaux et journalistes qui ont pris –ou prendront-
la responsabilité d'attiser les haines, en s'attaquant
à un symbole fort, jouent aux boutefeux, inconsciemment
ou délibérément. ....." Télécharger
le texte complet
Celle de Michel Laxenaire,
de Soleil en Essonne,auteur avec Bernard Zimmermann de retours
de mémoires sur l'Algérie Editions Bouchène
2003 :
Je ne sais quel théologien
était derrière cette voix entendue un matin sur
une radio qui disait : « Vus de l’autre rive de
l’Indus, nous sommes tous des occidentaux monothéistes
qui nous entretuons pour plaire au même Dieu. »
Chrétiens, juifs, musulmans, et au sein de chaque famille,
catholiques, orthodoxes, protestants, chiites, sunnites, soufistes,
traditionalistes, progressistes, intégristes… sont
dangereusement dérisoires dans leurs certitudes et leur
intransigeance. L’épicentre de cette agitation
se trouve comme on le sait en terre de Palestine ; il en dépend
certainement à terme la paix ou son contraire dans cette
partie du monde et peut-être ailleurs.
Dans cette période de fièvre, une fois encore
le devant de la scène est fait d’affrontements,
d’arguments excessifs, d’appels à la violence.
Une fois encore, les médias y trouvent leur pâture
et privilégient le spectaculaire.
Je pense qu’une fois de plus nous avons toutes les raisons
de prendre du recul par rapport à l’événement.
Autant apporter le peu d’audience dont nous disposons
aux réalisations de longue durée qui ont si peu
de résonance en ces circonstances. En voici un exemple
:téléchargez
letexte
Celle de Mohamed-Chérif
FERJANI, professeur à l'Université Lyon 2, Directeur
du GREMMO, UMR 5195,
CNRS-Université Lyon2, Auteur de travaux sur l'islam, le
monde arabe, la laïcité et les droits humains dont
Le politique et le religieux dans le champ islamique, Fayard,
2005, et Islamisme, laïcité et droits de l'Homme,
L'Harmattan, 1992)
CARICATURES XENOPHOBES ET REACTIONS FANATIQUES : A
QUAND LA FIN DES AMALGAMES ?
Les réactions suscitées par
les caricatures concernant le Prophète de l'islam dans
les mondes de l'islam comme celles qu'elles ont provoquées
dans le reste du monde, plus particulièrement dans
les pays occidentaux, témoignent de l'ampleur des amalgames,
des incompréhensions et des malentendus qui alimentent
les tensions et les haines des deux côtés.
" Que le message véhiculé
par quelques unes des caricatures en question soit xénophobe,
il n'y a aucun doute. Qu'il contribue à entretenir
la confusion entre islam et terrorisme, c'est évident.
Qu'il soit «caricatural», comment peut-il ne pas
l'être puisqu'il s'agit précisément de
caricatures ? Que des musulmans et des antiracistes soient
choqués et indignés par ce genre de xénophobes
que ce qui est dénoncé dans les caricatures
incriminées, c'est non seulement inadmissible, c'est
grave et dramatique à la fois. En effet, ces réactions
se situent sur le même terrain de la xénophobie
et de la vision caricaturale de l'AUTRE - avec l'art en moins
- qui a inspiré les images
qu'elles veulent dénoncer. Ce faisant, elles ne font
qu'apporter l'eau au moulin des préjugés qui
assimilent islam, fanatisme, et terrorisme. Les plus xénophobes
s'en frottent les mains en y voyant la preuve de ce qu'ils
ont toujours dit de l'islam et des musulmans. Certains, parmi
les mieux disposés à l'égard des musulmans,
croient leur trouver une excuse en prétendant que «
l'islam interdit la représentation du Prophète
» ! Où ont-ils trouvé les fondements d'un
tel interdit ? Si ce qu'ils disent est vrai, comment se fait-il
qu'on puisse admirer dans des musées d'art musulman,
y compris dans des pays musulmans, des miniatures musulmanes
représentant le Prophète de l'islam avec d'autres
prophètes ou avec ses proches et ses compagnons ? S'agit-il
d'un interdit de l'islam ou de théologiens rigoristes,
comme on en trouve dans différentes religions, qui
s'autorisent à interdire non seulement la représentation
du Prophète mais aussi toute représentation
humaine ? .....Téléchargez
le texte complet
Celle de Soheib
BENCHEIKH, ancien mufti de Marseille, qui s'est exprimé
sur RFI, le 5 février2006,
dont voici la transcription
Entretien de Soheib Bencheikh sur
RFI (l’affaire des caricatures)
" Sophie Backer – Bonjour Soheib
Bencheikh. Vous comprenez l’ampleur qu’est en
train de prendre cette affaire ?
Soheib Bencheikh – Non seulement je
ne la comprends pas, mais permettez-moi d’exprimer mon
grand étonnement devant cette levée des boucliers,
parfois même diplomatiques, de la part des pays musulmans.
Sophie Backer – Vous êtes un
petit peu isolé sur cette position Soheib Bencheikh,
parce que d’autres représentants de la communauté
musulmane française ont dit, eux, leur solidarité
avec les protestations…
Soheib Bencheikh – Je ne crois pas
que je sois isolé à ce point parce que malheureusement
ou heureusement la presse ne fait attention qu’à
des choses qui ne vont pas ou qui choquent les esprits. Moi,
ce que je connais, c’est que l’islam a affronté
les philosophies les plus athéistes et elle les a traduites,
elle les a argumentées, l’islam a argumenté
contre les philosophies les plus semeuses de doutes ; nous
avons dans le patrimoine littéraire des vers de poésie
que j’ai appris par cœur, et qui mettent en doute
l’authenticité du Coran et la véracité
de la prophétie du prophète… et l’islam
n’a pas vacillé pour autant. Il est toujours
porteur de valeurs et de sens.
Sophie Backer – Est-ce que vous voulez
dire qu’aujourd’hui c’est une certaine forme
d’islam plus obscurantiste qui se manifeste ?
Soheib Bencheikh – Ça c’est
possible. En tous cas dans la mémoire collective des
musulmans, nous n’avons pas les séquelles d’un
anti-cléricalisme que connaissent nos frères
chrétiens pou d’autres églises. Et voilà
pourquoi la réaction de certains est à la fois
spontanée et doublées d’une volonté
de défi ou d’imposition. Moi je crois que nous
allons vivre tous ensemble dans une société
humaine unifiée. Il faut défendre à tout
prix la liberté d’expression qui bénéficie
aussi à l’islam puisqu’on s’exprime
librement grâce à cet édifice qui s’appelle
la liberté religieuse. Mais en même temps, il
faut demander aux responsables des médias qui ont dans
les mains un outil redoutable d’avoir plus de responsabilité.
L’appel est adressé aux musulmans : s’ils
veulent vivre et cohabiter avec d’autres religions...."
Téléchargez
la transcription
Celle
de Akram BELKAID, journaliste à la rubrique internationale
du quotidien la Tribune, le 6fév 2006
"La pitoyable affaire
des caricatures publiées par le journal danois Jillands-Posten
oblige les musulmans de France à se poser les questions
suivantes : qu’est-ce qui est grave et répréhensible
dans la publication de ces dessins de piètre qualité
? Est-ce le fait que l’on a représenté
le prophète Mohammad (paix et salut sur lui) ? Est-ce
parce qu’on s’est moqué de lui ? Ou enfin,
est-ce parce qu’on l’a assimilé à
un terroriste ?
Le délit de blasphème, ça n’existe
pas
Si j’ai tenu à poser ces questions, c’est
parce qu’il me semble que la confusion est totale et
qu’il est urgent de porter un regard critique sur l’emballement
que connaît actuellement le monde musulman. En ce qui
me concerne, j’estime que seul le fait d’avoir
assimilé le prophète à un terroriste
pose problème. Cela relève, à mon avis,
de l’incitation à la haine et il existe des lois
pour punir ce genre d’agression. Représenter
le prophète avec une bombe sur la tête est en
effet une provocation irresponsable qui jette l’anathème
sur 1 milliard de musulmans.
Mais avant d’aller plus loin sur cette question, je
suis d’abord amené à reconnaître
que je ne me sens absolument pas le droit, en tant que musulman,
de crier au délit de blasphème. Cela peut faire
mal d’entendre cela - et j’ai du mal à
l’écrire - mais, désolé, des gens,
qu’ils soient peintres, sculpteurs ou caricaturistes,
ont le droit de représenter le prophète s’ils
le souhaitent. Nous sommes en France et la liberté
d’expression et de création est un droit, un
acquis, qu’il faut chérir et défendre
à tous prix. Le délit de blasphème ça
n’existe pas et si nous aimons ce pays dans lequel nous
vivons, il nous faut l’accepter. Voilà une concession
que nous commande le bon sens et qui ne heurte pas notre conviction
religieuse. Il n’y a qu’un seul vainqueur, c’est
Allah et ce ne sont pas de minables dessins qui changeront
ou amoindriront notre foi.
De même, que des abrutis inconscients aient envie, ici
et là, de rire du prophète, cela me blesse profondément,
mais c’est leur droit. Rire du prophète des musulmans,
celui dont le nom est cité à chacune de nos
profession de foi, est un droit ou une licence que je ne m’octroie
pas mais que je ne refuse à personne, y compris, et
c’est très important, à un musulman. Chacun
est libre et responsable de ses actes. Encore une fois, un
seul vainqueur, Allah. De la même manière, je
n’ai jamais apprécié les galéjades
à propos du pape ou des chrétiens mais je ne
conçois pas d’en appeler pour cela aux tribunaux.
Le délit existe : incitation à la haine......"
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